Étude sur le réemploi (pré-étude)

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Au cours de l'année 2013, L'Heureux Cyclage a réalisé une pré-étude sur les filières locales de réemploi des cycles. L'objectif de ce travail était de saisir les possibilités de développer le réemploi des vélos, en :

  • établissant un état des lieux de la filière,
  • recensant les initiatives dans ce domaine,
  • et proposant des évolutions possibles.

Cet article rend compte des principales données de la pré-étude disponible en téléchargement ici

De quoi parle-t-on ?

Un vélo est un objet relativement simple sur le plan technique. Dans les ateliers vélo, on sait bien qu'un tel objet peut être utilisé durant de longues années, au cours desquelles il sera peut être vendu, réparé, donné, ou encore récupéré dans une déchèterie. L'ensemble de ces opérations qui permettent de prolonger la durée d'usage d'un vélo, peut être qualifié de "seconde vie".

La prévention des déchets

Dans la mise en œuvre de cette "seconde vie", les vélos que les ateliers vélo peuvent récupérer ne sont pas considérés comme des déchets ! Les récupérations ont lieu - en majorité - en amont de l'attribution du statut administratif de déchet. Par exemple :

  • les particuliers et copropriétés font des dons (et non un abandon),
  • les déchèteries installent des zones de récupération distinctes des bennes de déchets,
  • etc.

Ainsi, les ateliers vélo sont acteurs de la prévention des déchets car ils mènent des actions de réemploi des vélos.

La composition d'un vélo

Il est intéressant de pouvoir préciser les matériaux qui composent un vélo afin de savoir quels types de déchets et quels types de traitement sont ainsi évités par l'action des ateliers vélo. Les vélos, déposés avec la ferraille, sont composés de : métaux qui pourront faire l'objet d'un recyclage, et d'autres qui ne pourront pas être recyclés pour matière et devront donc subir d'autres traitements (incinération, mise en décharge). L'action des ateliers vélo permet ainsi d'éviter :

  • des opérations de recyclage qui peuvent être énergivores,
  • l'élimination de déchets ultimes.

Composition d'un vélo

Le recyclage, un faux ami

À tort, on parle souvent de recyclage pour désigner l'activité des ateliers vélo. Le recyclage est précisément l'action que les ateliers vélo souhaitent éviter, c'est-à-dire la destruction du vélo puis l'élimination et la valorisation de ses matériaux. Il est préférable d'utiliser les termes de "réemploi", "seconde vie", "récupération", "réparation", etc.


Un cycle de vie court

En résumé, la filière cycle fait état d'un très grand nombre de ventes, d'un très grand nombre de destructions, d'un faible prix d'achat, et d'une faible espérance de vie. L'obsolescence d'un vélo est forte au regard des matériaux qui le composent et de l'énergie grise qu'il mobilise. Pour plus de données sur le cycle de vie d'un vélo, consultez ceci !

Les ventes

En moyenne, ce sont 3 millions de vélos qui sont vendus neufs chaque année, à destination des ménages. Cela comprend :

  • 60% de vélos adultes
  • 40% de vélos enfants

Les vélos enfants ayant des caractéristiques un peu spécifiques (réparabilité, prix, etc), ils sont exclus des données qui suivent. Ventes annuelles de vélos

Le parc de vélos

En France, le nombre de vélos adultes ne cesse de croître :

  • 13.1 million en 1982
  • 21.3 million en 1994
  • 26.7 millions en 2008

En même temps, nombreux sont ceux qui sont inutilisés : un tiers du parc de bicyclettes n'aurait pas été utilisé dans les douze derniers mois !

Les destructions

Compte tenu du nombre de vélos adultes dans le parc français en 1994 et 2008, et du nombre de ventes entre ces deux périodes, le nombre de vélos adultes détruits est estimé à 1,5 millions d'unités par an. Cette donnée est considérable compte tenu du fait que les ventes s'élèvent à 1,6 millions d'unités.

Partant du poids moyen d'un vélo de ville à 16,5kg et constitué de 88% de métaux (en masse), ce sont 21 800 tonnes de métaux mises en décharge chaque année en France.

Les filières locales de réemploi

De nombreuses initiatives existent dans le but de récupérer les vélos en fin de vie : inutilisés ou destinés à être détruits. Ces initiatives sont portées aujourd'hui majoritairement par des associations à but non lucratif.

Les gisements exploitables

Les déchèteries

On compte 4560 déchèteries en France qui collectent les déchets des ménages et des entreprises, les vélos entre autres. Les déchèteries, ne bénéficiant pas d'un système de récupération des cycles, considèrent les vélos comme de la ferraille. D'autres, au contraire, ont des partenariats avec des structures de récupération tels que Emmaüs, les recycleries, ou encore les ateliers vélos, qui récupèrent les cycles collectés afin de les remettre en circulation.

Les récupérations en déchèterie par les ateliers vélo en 2013 :

  • dans six villes,
  • avec sept partenariats,
  • et huit déchèteries concernées.

On estime qu'environ 15 vélos par mois peuvent être récupérés dans une déchèterie.

Les récupérations en déchèterie par d'autres acteurs :

  • des structures généralistes : Emmaüs, recyclerie, etc.,
  • des structures spécialisées : chantier d'insertion "vélo",
  • des partenariats avec les ateliers vélo : exemple à Dijon, où Emmaüs donne chaque année 350 vélos à l'atelier vélo.

Les gestionnaires d'habitats collectifs

La récupération des vélos auprès des copropriétés ou des bailleurs sociaux est très répandue et permet de capter de nombreux vélos inutilisés dont les particuliers souhaitent se défaire :

  • une collecte à domicile,
  • des modalités à définir en amont avec le responsable,
  • chaque atelier vélo récupère jusqu'à 600 vélos par an.

La question de la propriété du gisement doit dans ce cas être discutée au préalable (parties communes, par exemple, avec les bailleurs sociaux).

Les vélocistes

Les distributeurs de cycles collectent des pièces qu'ils ne pourront plus utiliser, mais qui peuvent encore servir dans les ateliers vélos : il peut donc être utile de les rencontrer. Les grands magasins collectent également des vélos :

  • lorsque le devis de réparation est trop élevé, et que leur client abandonne le vélo,
  • lors d'opérations type "prime à la casse",
  • lors d'opérations de dépôt-vente (invendus).

On estime que chaque magasin peut collecter jusqu'à 100 vélos par an.

Les vélos sur voie publique

De nombreux vélos peuvent être ramassés sur la voie publique :

  • des vélos "épaves" que la police municipale retire,
  • des vélos "trouvés" à l'abandon dont l'origine est incertaine.

Les récupérations sur voie publique sont variables selon les villes. A Paris, une politique d'enlèvement des vélos "épaves" a conduit à retirer 3000 à 5000 vélos par an de la voie publique. Dans d'autres villes, ce chiffre est beaucoup plus faible : 600 à Bordeaux, et seulement 20 à Clichy.

Les flottes de cycles privés

Les entreprises et collectivités équipées d'une flotte de vélos peuvent s'en défaire à l'occasion du renouvellement de leur parc. La Poste, par exemple, fait don ponctuellement de ses vélos.

Les acteurs économiques

De nombreuses structures œuvrent dans le domaine du réemploi des vélos, et notamment des structures de l'Économie Sociale et Solidaire (ESS). Ce qu'il faut retenir, concernant les caractéristiques économiques du secteur du réemploi - dont les vélos - c'est que les structures de l'ESS comptabilisent 22% du chiffre d'affaire du secteur et 77% des effectifs salariés (contre 78% et 23%). Quelques données sur ces acteurs :

Les communautés Emmaüs

Il y a 116 communautés Emmaüs en France. Leur activité autofinancée regroupe environ 4000 compagnons et 1000 salariés.

Les recycleries

En 2012, il existait environ 80 recycleries en France, fédérées au sein du Réseau des Ressourceries. Elles représentent environ 1300 emplois, dont 71% sont des emplois en insertion.

Les ateliers vélo participatifs

En 2013, il existait en France environ 80 ateliers vélo participatifs et solidaires, dont 25 employaient 80 salariés. Ces données comprennent quelques structures chantier d'insertion, qui emploient des salariés en insertion. En moyenne, le modèle économique des ateliers vélo repose sur :

  • les adhésions et les dons : jusqu'à 30% du budget,
  • la recyclerie spécialisée (récupération-réparation-revente) : jusqu'à 20% du budget,
  • les prestations extérieures : 20% du budget,
  • les aides publiques : 30% du budget.

Autre

Il existe également d'autres acteurs ESS du réemploi des cycles : des chantiers d'insertion spécialisés dans la réparation, ou encore des initiatives bénévoles.

Quel avenir ?

Le développement du réemploi des vélos est souhaitable, et la dernière partie de la pré-étude vise justement à soulever les différents scénarios d'évolution de la filière. Au regard :

  • de l'efficacité environnementale (production de déchets, consommation induites),
  • de l'efficacité socio-économique (équilibre économique du réemploi, impact sur le commerce et l'industrie, coûts de gestion des déchets),
  • du potentiel de mise en œuvre (capacité d'action, cohérence avec les orientations nationales).

Il est souhaitable de mettre en œuvre une coordination nationale des actions de réemploi visant à aider et animer ces démarches. L'idée de mettre en place une législation Responsabilité Élargie du Producteur est écartée à court et moyen terme.